On commence tout juste à mesurer les conséquences de la pandémie sur la santé mentale, mais une chose est sûre, l’isolation créée par la distanciation sociale est dure sur le moral de tous, incluant les jeunes de la communauté LGBTQ2+. Plusieurs d’entre eux sont isolés dans des milieux qui ne sont pas nécessairement accueillants, voire directement hostiles, alors qu’ils cherchent à affirmer leur identité. Connecter avec leur communauté est primordial dans cette période charnière de leur vie, alors qu’ils construisent et affirment leur identité : où peuvent-ils trouver de l’aide?
Projet 10 est un organisme montréalais dont la mission est de soutenir les jeunes de 14 à 25 ans de la communauté LGBTQ2+ et promouvoir leur bien-être. Présent dans la communauté depuis maintenant 30 ans, Projet 10 a été fondé par deux travailleurs sociaux qui ont identifié des besoins importants chez les jeunes LGBTQ2+. Depuis, l’organisme offre de l’aide sous plusieurs formes, que ce soit dans l’obtention de matériel d’affirmation du genre, de l’aide financière pour l’accès à la thérapie ou avec des événements et des ateliers. À cause de la pandémie, ces liens sont plus importants que jamais, c’est pourquoi InteracMD a décidé de faire une donation à Projet 10 dans le cadre du mois de la fierté au Québec.
L’importance d’un espace accueillant et de connexions bienveillantes
Le directeur général de Projet 10, Mitchell Rae — qui n’a que 24 ans — explique que la majorité de leurs employés font partie de la tranche d’âge indiquée dans la mission de l’organisme. La mission de Projet 10 importe beaucoup à Mitchell, qui en a utilisé les services il y a dix ans : « Je boucle la boucle d’une certaine façon. D’avoir bénéficié de l’aide de Projet 10 lorsque j’avais 14 ou 15 ans, et maintenant d’en être le directeur général une décennie plus tard, c’est vraiment spécial et je l’apprécie particulièrement. »
Mitchell explique que l’organisme engage plusieurs artistes de la communauté pour leurs ateliers artistiques, qui permettent aux jeunes de se réunir avec d’autres personnes LGBTQ2+ : « Pour les jeunes, c’est un peu comme avoir un modèle, quelqu’un qui peut agir comme mentor. C’est une opportunité pour Projet 10 d’établir des connexions avec le monde de l’art et la communauté LGBTQ2+, et de se soutenir mutuellement. »
Kezna Dalz est une artiste visuelle queer montréalaise d’origine haïtienne qui collaborera avec Projet 10 pour des ateliers dans un futur proche. Elle nous explique sa vision de l’organisme : « Je crois que Projet 10 se concentre beaucoup dans l’acception de soi, et se sentir bien en tant que jeune queer. Surtout quand on est jeune, on découvre tellement de choses différentes, on change énormément, donc c’est sûr que j’aime parler de ça à travers le fait de grandir en tant que personne jeune et queer, et les défis qui se présentent, avec ma perspective de personne racisée. »
Grâce aux ateliers, les artistes peuvent établir des liens personnels importants avec les jeunes, ce qui leur permet de parler, en plus de bénéficier de l’expérience de vie des artistes. Cory Hunlin, un artiste autochtone bispirituel natif de la Colombie-Britannique qui se spécialise dans le perlage, offre lui aussi des ateliers avec Projet 10. Pour lui, ces ateliers sont bien plus que de simples leçons d’artisanat : « Dans mes ateliers, j’apprends aux gens à faire des boucles d’oreilles en perles. J’apprends aux gens les techniques que j’ai apprises au cours des années, mais il y a aussi des leçons de vie qui viennent avec. La patience, surtout. Avec les nœuds, il faut aussi apprendre à laisser aller… Les ateliers, ça me rappelle pourquoi je fais du perlage : pour connecter avec les gens et partager des histoires. »
Des besoins criants chez les jeunes trans
Mitchell Rae identifie un besoin majeur de soutien, surtout pour les jeunes transgenres, à la sortie de la pandémie. L’isolation n’est pas le seul problème qu’ont rencontré ces jeunes : l’accès à la thérapie, qui est obligatoire pour avoir ensuite accès aux opérations et médicaments d’affirmation de genre, engendre de nombreux coûts. Dépendamment de leur situation familiale et personnelle, nombreux sont les jeunes qui font face à des difficultés financières lorsque vient le temps d’entreprendre ces démarches en thérapie. C’est pourquoi Projet 10 offre de l’aide financière aux jeunes transgenres montréalais. Le don d’Interac leur permettra entre autres de continuer à soutenir cet accès pour les jeunes transgenres, sous la forme de subventions à la thérapie.
De grands rêves pour l’avenir
L’aide à la thérapie n’est pas le seul projet de Projet 10 qui requiert un financement essentiel : l’organisme planifie également déménager dans un local plus grand à moyen terme, pour accommoder leurs dix employés. Projet 10 occupe actuellement un petit local avec deux bureaux, ce qui n’était pas un problème depuis le début de la pandémie, mais avec un retour au bureau qui se dessine dans un futur rapproché, la situation se révèle loin d’être idéale. Mitchell souhaite même pouvoir soutenir d’autres organismes et projets de la communauté LGBTQ2+ montréalaise grâce à ce nouveau local, que ce soit avec des espaces de rencontre et de conférence ou l’accès à des espaces de travail : « Il y a tellement de jeunes qui ont de bonnes idées, et j’aimerais pouvoir leur donner un espace pour travailler, sans qu’ils aient à aller chez des amis, payer pour être dans un café, ou travailler dans leur chambre. C’est important de créer ces espaces de collaboration, en plus des programmes. »