Vers un système bancaire ouvert fondé sur la collaboration
Lorsque le gouvernement canadien a mis sur pied le Comité consultatif sur un système bancaire ouvert en 2018, des chefs de file du secteur ont entamé une conversation sur le contrôle, la protection des données personnelles et l’innovation.
Le Comité a mené des recherches approfondies pour examiner les avantages d’un système bancaire ouvert au Canada. Il a constaté qu’un tel système pourrait représenter d’importants avantages pour les Canadiens, puisqu’il leur permettrait de mieux gérer leurs renseignements financiers et d’en tirer davantage parti.
Le défi qui se pose maintenant aux promoteurs d’un système bancaire ouvert est de trouver un moyen de le mettre en œuvre, celui-ci étant incroyablement complexe. Sa mise en œuvre au Canada dépend non seulement de son adoption par les consommateurs, mais aussi de la participation d’un grand nombre d’intervenants et d’un réseau sécurisé fiable qui favorisera un climat de confiance.
Interac n’est pas sans expérience en ce genre d’initiatives. Depuis 36 ans, Interac réunit des institutions financières, des entreprises de technologie financière, des acquéreurs, des détaillants, des entreprises et des consommateurs, et est au cœur de nombreuses innovations en matière de services financiers au Canada.
C’est pourquoi Interac a convoqué une table ronde afin de discuter de ce à quoi pourrait ressembler un système bancaire ouvert canadien. Ilse Treurnicht, membre du Comité consultatif sur le système bancaire ouvert du gouvernement du Canada, ainsi que 15 autres chefs de file des secteurs des finances et de la technologie financière ainsi que du gouvernement se sont réunis pour discuter de la façon dont nous pouvons envisager cet avenir complexe.
Le gouvernement et le secteur, main dans la main
Les intervenants ont confirmé le point de vue du Comité consultatif : tous les participants à l’écosystème tireraient avantage d’un système bancaire ouvert.
Pour tenir compte de toutes les priorités, il ne suffit pas que ce système favorise l’innovation en permettant la participation de fournisseurs de services financiers tiers. Il doit également répondre aux critères des consommateurs en matière de protection des données personnelles, de contrôle, d’utilité et d’avantages.
« L’objectif de tout système devrait être l’amélioration des résultats économiques et du bien-être des consommateurs au moyen d’échanges de données sûrs, efficaces et consentants. » — Ilse Treurnicht, membre du Comité consultatif sur un système bancaire ouvert
Comment pouvons-nous atteindre cet objectif au Canada? Ilse estime qu’il faudra une approche fortement axée sur la collaboration, où le gouvernement et le secteur travailleront main dans la main. De cette façon, nous pourrons parvenir à une solution unique, conçue au Canada, qui est avantageuse à la fois pour les consommateurs et pour les entreprises.
Favoriser la compréhension des consommateurs
D’après les discussions qui ont eu lieu au cours de la table ronde, les Canadiens ont d’abord besoin de comprendre en quoi consiste un système bancaire ouvert avant d’accepter de s’y engager activement. Ensuite, ils doivent comprendre l’incidence qu’un tel système a sur eux, non pas théoriquement, mais de façon concrète et pertinente.
Le problème, c’est que le concept de système bancaire ouvert (anciennement connu sous le nom de « finances axées sur les clients ») peut être difficile à comprendre. Et pour certains consommateurs, il peut être difficile d’avoir confiance en quelque chose qu’ils ne comprennent pas, surtout lorsqu’il est question de leurs données personnelles.
Dans un récent sondage d’Interac mené auprès de 2 000 Canadiens, 94 % des répondants ont indiqué vouloir se sentir en contrôle de leurs renseignements financiers, et 75 % ont dit voir plusieurs avantages à un système bancaire ouvert. La facilité d’utilisation et les processus simplifiés que ce système pourrait offrir ont été largement perçus comme étant un avantage.
Toutefois, les préoccupations au sujet de la protection des données personnelles pesaient trois fois plus lourd dans la balance que toutes les autres préoccupations combinées.
De façon générale, cela signifie que beaucoup de gens veulent plus de liberté, mais s’inquiètent des risques.
« Les consommateurs ne se soucient pas du fonctionnement ou du nom, mais ils sont très intéressés par les façons dont ce système peut les aider à gérer leur bien-être financier. » — Ilse Treurnicht, membre du Comité consultatif sur un système bancaire ouvert
Jacqueline Lu, cofondatrice de Helpful Places, a contribué à des innovations dans les secteurs privé et public en tirant parti de données. Elle convient que le défi réside dans les préoccupations des consommateurs au sujet de l’accessibilité à leurs données, de la manière dont celles-ci sont traitées et à quelles fins. Il s’agit là d’excellentes questions (pour en savoir plus sur les questions susceptibles d’être posées par les consommateurs, prenez connaissance de notre conversation avec Debbie Gamble et Amy Webb – en anglais seulement). Jacqueline affirme catégoriquement que les gens méritent des réponses claires.
« [Nous devons] rendre cela accessible, » dit Jacqueline. « Alors que nous construisons une infrastructure technologique et que nous travaillons sur les normes, comment intégrer cette large accessibilité aux systèmes numériques? Il n’est pas raisonnable de demander aux consommateurs de prendre des décisions relatives au traitement des données s’ils n’ont pas les connaissances de base pour comprendre l’opération effectuée. »
En effet, les consommateurs doivent avoir accès à des renseignements communiqués dans un langage clair qui leur explique quelle est l’incidence de cette nouvelle technologie sur eux et sur leurs finances.
Établir la confiance
L’importance de comprendre est intimement liée à l’importance d’établir la confiance, qui, selon Ilse, est le facteur le plus déterminant pour convaincre les consommateurs.
Ilse explique que les acteurs du secteur, y compris les petites entreprises, doivent également comprendre les avantages de leur participation au système et le fait qu’ils seront tous traités de façon juste et équitable. Le gouvernement doit également avoir confiance qu’un système bancaire ouvert aura certains objectifs de politique publique en matière de protection des données personnelles, de contrôle des consommateurs et d’avantages.
Appliquer les principes
Il peut être difficile de déterminer la portée exacte de l’application d’un système bancaire ouvert. À ce sujet, Ilse s’empresse de souligner que le mandat du Comité consultatif est précisément axé sur un sous-ensemble de données bancaires. Mais les principes du système bancaire ouvert et de la portabilité des données peuvent être appliqués de façon beaucoup plus large.
« Dans le secteur des finances comme dans d’autres, nous sommes témoins d’un vaste mouvement d’élargissement de l’idée de “système bancaire ouvert”, qui devient un “système de finances ouvert”, explique-t-elle. Nous le constatons au Royaume-Uni et en Australie, pays qui ont récemment commencé à utiliser les données des consommateurs dans le secteur de l’énergie. »
Elle reconnaît que tout cela se produit pendant une période de modernisation des paiements et de la protection des données personnelles, d’identification numérique et de plusieurs autres initiatives qui devront être regroupées dans un écosystème fonctionnel gouverné par des principes communs.
La portabilité des données au service du bien commun
Erin Kim, directrice des produits chez TWG, pense que la portabilité des données présente un énorme potentiel d’incidence positive sur la vie personnelle des consommateurs. Celle-ci pourrait être utilisée dans les secteurs privé et public, ainsi que pour des produits de consommation. Jetez un coup d’œil à un projet auquel elle a participé avec Interac et découvrez pourquoi elle croit que la portabilité des données, inhérente au système bancaire ouvert, pourrait améliorer le système de santé.
Un « écosystème minimum viable »
Compte tenu des nombreux détails et des intérêts concurrents dans l’univers du système bancaire ouvert, les participants de la table ronde conviennent qu’il s’agit d’un jeu de collaboration.
« Parfois, on a l’impression qu’un système bancaire ouvert est un jeu d’échecs entre les banques, les entreprises de technologie financière et les agrégateurs, » dit Ilse. « Mais le but d’un tel système est d’assurer l’innovation qui permettra à notre secteur des services financiers de réussir dans un monde en rapide évolution. »
Elle suggère d’aborder la conversation dans un esprit de coopération favorable à l’épanouissement d’un système bancaire ouvert. Ainsi, nous pourrons tracer notre propre voie novatrice et évolutive au Canada.
Interac appelle cette collectivité un « écosystème minimum viable ».
Ce n’est qu’en mobilisant pleinement les participants et qu’au moyen d’apports significatifs que nous pourrons créer un système à double objectif qui bénéficiera à la fois aux consommateurs et à l’économie.
Comme l’a dit Debbie Gamble, responsable en chef, Laboratoires d’innovation et Nouvelles entreprises : « Chez Interac, nous sommes à la hauteur du défi qui consiste à travailler avec cet écosystème afin de déterminer ce qui est le mieux pour les Canadiens. »
Nous espérons que vous vous joindrez à nous.
Si vous souhaitez en apprendre davantage sur la façon dont nous explorons le système bancaire ouvert ou si vous avez des idées sur la façon de bâtir un écosystème minimum viable au Canada, nous vous encourageons à communiquer avec nous à innovation@interac.ca.
Le sondage
Interac Corp. a demandé à Navigator de mener un sondage en ligne auprès de 2 000 titulaires canadiens de carte bancaire âgés de 18 ans ou plus. Le sondage s’est déroulé du 30 mars au 1er avril 2020. Les quotas de l’échantillon étaient représentatifs de l’ensemble des titulaires de carte bancaire en ce qui a trait à l’âge, au sexe et à la région; après avoir été recueillies, les données ont été pondérées afin que l’échantillon soit également représentatif pour ce qui est du niveau de scolarité.