Nous vivons certes dans un monde où les voitures peuvent fonctionner de façon autonome, mais qu’en est-il des organisations? Si nous devions brosser le portrait d’un avenir où les organisations peuvent se gérer elles mêmes, la chaîne de blocs serait la toile, et l’organisation autonome décentralisée (OAD), le portrait lui-même. Les OAD adoptent une approche numérique native des organisations et décentralisent la prise de décisions, automatisent les décisions et la gouvernance, et assurent l’auditabilité et la transparence dès le départ. C’est une belle image, non? Cependant, on a qu’à repenser au Web 2.0 pour se remémorer que la rencontre entre la technologie et la société est rarement aussi simple. La technologie offre le potentiel, la société offre la dynamique comportementale, et ensemble, ils brossent un tableau plutôt flou. L’incidence des OAD peut être considérable. Leur existence même suscite la réflexion sur le concept de société et son organisation, la souveraineté et le statut d’État et la confidentialité.
Bien qu’il soit encore tôt, il est important d’explorer les concepts qui sous tendent les OAD et les scénarios possibles de leur évolution, car elles peuvent engendrer un changement fondamental au sein de la société et du secteur financier (l’argent et les déplacements de fonds). La présente édition de Tendances porte sur ces concepts.
Organiser la chaîne
Les organisations apportent l’efficience
Les systèmes économiques définissent les marchés comme une chaîne « auto-organisée » de la production à la consommation, autrement dit, une auto organisation axée sur la détermination des prix pour équilibrer l’offre et la demande. Chaque étape de cette chaîne est composée de nombreux agents qui négocient entre eux. Ces derniers négocient des prix et signent des contrats, ce qui engendre des coûts. Plus la chaîne est grande, plus il y a de transactions, et plus le coût d’organisation de toute la chaîne est élevé.
C’est ici que les organisations assurent l’efficience. La création d’une organisation remplace bon nombre
de ces transactions et contrats de marché par un seul contrat avec le chef de l’organisation, qui obtient des ressources organisationnelles en échange d’une rémunération et les régit par des règles de fonctionnement. La chaîne étant ainsi réduite, son organisation est rentable.
Une organisation comporte trois éléments clés:
- Buts et objectifs
- Agents et gestionnaires qui travaillent à atteindre les objectifs
- Règles de fonctionnement et de gouvernance
…pendant un certain temps
À mesure que les organisations prennent de l’expansion, des efficiences sont mises à l’épreuve. Les coûts de coordination des agents et des ressources augmentent, ce qui réduit l’efficacité opérationnelle qui avait initialement mené à la création des organisations. La croissance amène également le besoin de structures plus rigides, ce qui remet en question l’agilité dans la prise de décisions et l’alignement des intérêts, la confiance et l’engagement entre les agents.
Les inefficacités susmentionnées s’étendent également à la façon dont les organisations interagissent dans un marché. Elles peuvent tirer profit de la coopération dans certains aspects où des synergies sont possibles, tout en étant en concurrence dans d’autres. Par exemple, les organismes sans but lucratif qui ciblent des enjeux sociaux similaires peuvent accroître leur impact en partageant des connaissances et des ressources opérationnelles. Cependant, en l’absence de mécanismes économiques efficaces et ouverts pour rallier les intervenants, amener de la transparence et mettre en commun des ressources, les organisations ne peuvent profiter des avantages qui pourraient découler d’une collaboration ouverte à grande échelle.
Les promesses de la technologie
Vous avez dit une OAD?
Les organisations autonomes décentralisées (OAD) abordent les questions mentionnées plus tôt par une approche numérique native, décentralisée et automatisée.
L’idée de base d’une OAD repose sur la création d’une organisation numérique décentralisée, régie par des règles inscrites dans une chaîne de blocs qui ne sont pas contrôlées par une personne ou un groupe en particulier. Il y a plusieurs façons de créer une OAD. La plus courante est d’utiliser une plateforme de contrats intelligents comme Ethereum, qui permet à n’importe qui de créer une OAD. Suffit de rédiger un contrat intelligent qui codifie les règles de l’organisation. On peut aussi le faire en utilisant une plateforme d’application décentralisée. Enfin, il est également possible de créer une OAD par l’intermédiaire d’une organisation centralisée traditionnelle. Pour ce faire, on crée une application décentralisée qui sert à gérer l’organisation.
Trois éléments fondamentaux d’une OAD
Une OAD bien structurée doit avoir :
- Un objectif : L’objectif oriente les règles de gouvernance initiales formalisées par des contrats intelligents inscrits dans la chaîne de blocs.
- Des membres : L’adhésion peut être basée sur des jetons (ouverte et rendue possible par l’achat de jetons) ou basée sur le partage (fermée et demandée en échange d’une valeur, par exemple, sous forme de travail fonctionnel).
- Un mécanisme de vote : Le mécanisme de vote permet aux membres de présenter des propositions ou des changements et définit la structure de vote avec tous les documents publics sur la chaîne de blocs.
Secteurs dans lesquels on constate l’émergence des OAD
Bien que les OAD puissent avoir de nombreuses applications, elles ont été rapidement adoptées dans les domaines suivants :
La promesse des OAD : efficience, démocratisation et confiance
Automatisation
Premièrement, l’automatisation offerte par les OAD peut permettre une mise à l’échelle et un fonctionnement efficaces des organisations et des services. Si un service et ses règles de gouvernance sont bien définis, ils peuvent être formalisés par des contrats intelligents et exécutés de façon automatique. Des microservices peuvent ainsi être créés, puis offerts et utilisés de façon automatisée, permettant une mise à l’échelle efficace et une réduction des erreurs et des biais. InsurDAO est un exemple d’OAD d’assurance qui intègre des microservices automatisés aux protocoles de FiDé* afin de vendre des produits à ses membres, d’ajuster la tarification des primes de façon automatique et de gérer les fonds. Ainsi, les OAD émergeront et offriront des avantages d’abord dans les secteurs dont les règles sont définies.
*La finance décentralisée (FiDé) est une catégorie d’applications hautement automatisées et décentralisées de services financiers déployés sur une chaîne de blocs ouverte et programmable.
Démocratisation
Deuxièmement, les OAD peuvent rendre la création et l’exploitation d’organisations plus accessibles en permettant à des personnes ayant des intérêts similaires de se rallier, de mettre en commun des capitaux et de partager des idées, et à chaque membre de prendre part aux décisions. C’est tout le contraire de la hiérarchie traditionnelle, où un membre ou une entité prend les décisions et agit au nom des autres membres. Comme les membres ont un intérêt dans l’OAD, ils sont récompensés pour leur collaboration et leur bon comportement. Canalisée correctement, cette approche peut favoriser une diversité d’opinions ainsi qu’une responsabilité collective envers l’avenir que les organisations créent à la fois pour elles mêmes et pour les parties prenantes.
Confiance et transparence
Troisièmement, les OAD peuvent permettre un alignement des intérêts, de la confiance et de la transparence. Par exemple, les donateurs d’organismes de bienfaisance exigent souvent la transparence et le contrôle de l’utilisation des fonds donnés. La prise de décisions démocratiques rentables à grande échelle permet à une OAD philanthropique (comme The Big Green DAO) de faire participer un plus grand nombre de membres aux décisions d’affectation des fonds. De plus, cette façon de faire favorise davantage la confiance et la responsabilisation, car les OAD divulguent les renseignements sur les collectes de fonds, les subventions et les dépenses et les contrats intelligents permettent la vérification et le dépistage dès le départ.
Changements plus vastes pouvant être engendrés par les OAD
Numérisation accrue de l’argent
La création de jetons et la prolifération des OAD peuvent accélérer l’adoption d’autres éléments du Web 3.0, comme les monnaies numériques et les jetons non fongibles, créant ainsi un effet de halo. De plus, comme les OAD rendent possible la mise en commun efficace de capitaux à grande échelle, elles peuvent représenter une nouvelle catégorie d’actifs accessible aux investisseurs individuels qui leur permet de participer activement au déploiement des capitaux. Les contrats intelligents peuvent aussi automatiser la gestion d’actifs et de certains processus, comme la surveillance du rendement, la répartition des actifs et la conformité.
Élargissement des mandats fiduciaires
Sur le plan social, les OAD peuvent élargir les mandats fiduciaires organisationnels en permettant l’adoption de la théorie des parties prenantes comme approche en matière de gestion organisationnelle. La théorie des parties prenantes, proposée par Edward Freeman, adopte une approche plus large que la théorie des actionnaires en suggérant que le mandat des organisations devrait être de créer de la valeur pour l’ensemble des parties prenantes, comme les actionnaires, les employés, les partenaires et les clients. La mise en pratique de cette théorie pose certaines difficultés, comme relier le capital, la prise de décision et les parties prenantes de manière rentable. Les OAD peuvent atténuer ce problème et permettre aux parties prenantes de devenir des membres actifs, de participer à la prise de décisions et de tirer profit de l’évolution de l’organisation.
Et la société dans tout ça?
Dynamiques sociétales du changement et de la prise de décisions
Pour bien comprendre comment les OAD et la société peuvent interagir, nous devons réfléchir à la façon dont la technologie entraîne le changement dans la société et à la façon dont les gens prennent des décisions.
En matière de technologie, le changement passe habituellement par la diffusion. Les nouvelles technologies sont d’abord utilisées par les quelques personnes qui y ont accès, puis par les utilisateurs précoces, et enfin par le grand public. La diffusion n’est donc pas démocratique, mais sélective, et de nombreuses innovations sont d’abord adoptées par des groupes de statut supérieur. Par conséquent, des inégalités inhérentes à la façon dont la technologie façonne le changement dans la société se creusent, et plus l’impact de la technologie est important (songez à l’arrivée du téléphone cellulaire), plus le fossé est grand.Des facteurs comportementaux influencent également la façon dont les gens prennent des décisions. Nos décisions et nos choix ne sont pas toujours rationnels. Si l’intérêt et l’intention influencent les décisions, nos préjugés cognitifs et notre rationalité limitée (p. Ex., être plus à l’aise dans une routine, trouver de la facilité à l’inaction ou être trop enthousiaste par rapport à un choix qu’on a fait) nous amènent également à prendre des décisions fondées sur des renseignements imparfaits, voire des
décisions qui ne sont pas dans notre intérêt.
De plus, la gouvernance implique des décisions qui font progresser l’organisation ou s’opposent aux changements par rapport au statu quo. Les décisions des agents n’est pas indépendante. Elle est plutôt conditionnée par des facteurs et des normes sociologiques. La mesure dans laquelle un environnement social favorise le changement conditionne parfois la possibilité même du changement, particulièrement lorsque les normes sociales entrent en jeu. Ces normes sont également façonnées par l’information, les points de vue, les discussions et les histoires auxquelles nous sommes exposés.
Enfin, la coopération entre les agents d’une organisation dépend des incitatifs qui leur sont offerts. Les règles institutionnelles exercent une influence sur le comportement économique optimal de l’agent qui essaie de maximiser son propre gain matériel. Par conséquent, on peut s’attendre à ce que chaque agent influence les règles et en crée de nouvelles qui lui seront profitables.
Les événements qui ont suivi la fusion de TribeDAO avec le protocole de prêt décentralisé, Rari Capital, sont un bon exemple de ces dynamiques comportementales. Après cette fusion, 80 millions de dollars ont été dérobés. Dans un premier temps, les membres ont voté en très grande majorité pour que la communauté soit indemnisée et que les détails soient réglés plus tard. Cependant, au fur et à mesure que les détails étaient proposés, les membres votaient contre. La plupart des « non » provenant des membres du TribeDAO. Cela illustre à quel point le vote d’une OAD peut être irrationnel et motivé par l’intérêt personnel, et qu’il peut être à l’origine de dissensions et de complications.
Et la société dans tout ça?
Les promesses technologiques rencontrent les dynamiques sociétales
Processus de démocratisation
Le principe selon lequel les OAD favorisent la démocratisation repose sur l’équilibre des pouvoirs entre les parties prenantes de l’organisation par la décentralisation de la prise de décisions. Toutefois, cette prémisse peut être remise en question en fonction de la procédure de vote adoptée par une OAD précise. Par exemple, une OAD peut adopter un système selon lequel un jeton équivaut à un vote, ce qui permet aux membres ayant plus de jetons d’avoir plus d’influence et dilue la véritable démocratisation.
Arrivée des politiciens du protocole
Comme nous l’avons souligné à la section précédente, les gens ne sont pas toujours rationnels. Des facteurs psychologiques et sociologiques comme la fatigue décisionnelle ou les normes sociales peuvent amener les membres de l’OAD à voter selon ce qui est populaire ou acceptable. Ainsi, les membres qui ont des discours populistes (et des jetons) peuvent influencer et contrôler plus facilement les décisions des OAD afin qu’elles leur soient favorables. Ces derniers deviennent alors des « politiciens du protocole». Les autres membres votent donc selon les valeurs de ces derniers, et non selon leurs propres valeurs, ce qui recréé l’autorité centrale puissante que les OAD cherchent à éliminer.
Transparence et anonymat
La transparence permise par les OAD grâce à des contrats intelligents ouverts et à la visibilité des actions renforce la confiance, mais l’anonymat de chaque membre la remet en cause. Non seulement l’anonymat facilite l’utilisation d’une OAD à des fins indésirables (p. ex., coordination d’actes de violence), mais elle rend également celle-ci vulnérable à la fraude et aux risques pour la sécurité. Des contrats et des portefeuilles intelligents ont été piratés par le passé, exposant les membres des OAD à des risques. En 2016, l’organisation The DAO a été victime d’un vol de plus de 3,6 millions d’Ether. Bien que, grâce à la cybersécurité, ces risques soient maintenant considérablement atténués, la technologie permettant de contourner les systèmes de sécurité se développe tout de même rapidement.
Place à l’interprétation subjective
Comme les contrats intelligents sont automatisés, chaque situation est traitée de façon claire et nette, ce qui laisse peu de place à une interprétation subjective des règles. Par exemple, dans le cadre de leurs fonctions, les médecins doivent souvent tenir compte de la volonté du patient, de celle du soignant ainsi que des traitements disponibles. Comme il y a ici une grande part de subjectivité, un contrat intelligent ne prendrait probablement pas la meilleure décision. Bien que certains secteurs soient moins sujets à la subjectivité et à l’incertitude, les organisations ne peuvent éviter complètement ces situations où l’interprétation subjective des règles est nécessaire.
Place à l’interprétation subjective
C omme les contrats intelligents sont automatisés, chaque situation est traitée de façon claire et nette, ce qui laisse peu de place à une interprétation subjective des règles. Par exemple, dans le cadre de leurs fonctions, les médecins doivent souvent tenir compte de la volonté du patient, de celle du soignant ainsi que des traitements disponibles. Comme il y a ici une grande part de subjectivité, un contrat intelligent ne prendrait probablement pas la meilleure décision. Bien que certains secteurs soient moins sujets à la subjectivité et à l’incertitude, les organisations ne peuvent éviter complètement ces situations où l’interprétation subjective des règles est nécessaire.
Incitatifs personnels et stabilité des OAD
La nature démocratisée et efficiente des OAD peut également être remise en question en raison des obstacles à l’entrée quasi inexistants, qui peuvent conduire à une fragmentation extrême et à une réduction des avantages de la collaboration. Comme les règles des contrats intelligents sont ouvertes, n’importe qui peut recréer une OAD avec un minimum d’efforts. De ce fait, les membres sont moins enclins à rester engagés en cas de conflit, ce qui les amène à se séparer et à créer une organisation avec des différences mineures, diminuant ainsi la stabilité de l’organisation. La très forte fragmentation des OAD ayant des objectifs et des protocoles semblables peut réduire le capital disponible, la contribution des membres et la productivité. Dans un scénario extrême, la collaboration pourrait être rompue, chaque personne devenant la seule partie prenante de sa propre organisation, et accédant ainsi à la pleine souveraineté. Cette structure organisationnelle et ce niveau de personnalisation pourraient ne pas être réalisables et nuire aux innovations.
Légalité des décisions
Enfin, la légalité d’une décision d’une OAD prise dans la chaîne de blocs soulève également une question. Voici un exemple : une proposition visant à rompre une entente avec leur partenaire d’affaires a été présentée et adoptée au sein d’une OAD de jeu. Les membres de l’OAD ont déclaré que le partenaire n’ajoutait pas de valeur et ont voté pour mettre fin à l’entente. Toutefois, bien que l’organisation ait annulé le contrat, l’entente juridique entre la société de portefeuille de l’OAD et le partenaire est demeurée valide, le partenaire alléguant qu’aucune modalité ne permettait à l’OAD de jeu d’annuler le contrat, et ce, peu importe la façon dont la situation a été présentée à la communauté.
Scénarios pour l’avenir
Bien qu’il soit impossible de prédire avec certitude l’avenir des OAD, nous avons imaginé quatre scénarios en basant notre réflexion sur des signaux faibles et des tendances émergentes.
1. La demande de démocratisation s’accroît et les problèmes des OAD sont résolus
Pour réaliser pleinement le potentiel de démocratisation et de transparence, les protocoles de gouvernance et de sécurité d’une OAD doivent assurer l’équilibre des pouvoirs et prévenir les abus. Si cet objectif est atteint, leur adoption augmentera considérablement. Cette situation entraînera une surenchère de mises en œuvre, qui stimulera la demande pour les services d’infrastructure, de conseil et de soutien et aura une incidence sur les compétences en demande. Sur le plan économique, les OAD deviendront à la fois des actifs de placement non traditionnels et des gestionnaires automatisés de catégories d’actifs, ce qui aura une incidence sur les mouvements de fonds. Le secteur des services financiers sera également touché, car le modèle reposera fortement sur l’épargne et l’investissement. À mesure que les investissements se déplaceront vers les organisations numériques, les monnaies numériques gagneront du terrain, les jetons devenant l’unité d’échange de valeur. Enfin, en raison de la structure fortement démocratisée des OAD et du peu d’obstacles à leur création, les membres dont les incitatifs n’auront pas été respectés pourront facilement démarrer de nouvelles OAD, créant ainsi une plus grande fragmentation dans l’organisation sociétale.
2. La demande de démocratisation s’accroît et les problèmes des OAD ne sont pas résolus
Dans ce scénario, la bataille entre les capacités technologiques et la nature incitative de la société sera mise en évidence. L’adoption des OAD sera motivée par la demande de démocratisation, mais les questions de gouvernance et de sécurité créeront des obstacles à leur pleine réalisation. Dans un premier temps, l’utilisation des OAD sera limitée à des cas d’utilisation précis, en particulier ceux qui sont plus faciles à codifier. De plus, on pourrait assister au développement d’une approche hybride reposant sur une surveillance humaine, une décentralisation partielle et une automatisation des règles, dans la mesure du possible. Un tiraillement perpétuel entre la véritable démocratisation et les abus de pouvoir à des fins personnelles pourra être observé, ce qui soulèvera des questions sur la nature véritable et la promesse des OAD. Un discours associé aux questions de fraude et de sécurité entourera les OAD, et soit la société trouvera des idées pour les améliorer et atténuer leurs risques, soit ils seront appelés à disparaître.
3. La demande de démocratisation diminue et les problèmes des OAD sont résolus
La perception de la société à l’égard de la démocratie elle-même peut changer. Si un changement dans les mentalités est observé, les OAD seraient-elles toujours utiles à la société en tant qu’outils de prise de décision démocratique? Outre l’aspect démocratique, les OAD favorisent la transparence, la participation des parties prenantes et l’automatisation des actions. Par conséquent, elles demeureront une structure organisationnelle précieuse dans certains secteurs, par exemple, auprès des organismes de bienfaisance, qui peuvent l’utiliser pour recueillir des dons directs et faire preuve de transparence quant à l’affectation des fonds. C’est ce que fait l’organisme Charity DAO. D’un autre côté, l’avenir du Web 3.0 est étroitement lié à celui des OAD. Leur diminution pourrait signifier que les jetons non fongibles, la FiDé et la création de jetons perdraient en popularité. Cette situation pourrait stimuler l’adoption des OAD ou faire du Web 3.0 une mode. Quelle que soit la demande pour une prise de décision démocratique, le recours aux OAD ne diminuera pas nécessairement pour autant, car la démocratisation n’est pas le seul avantage, et certains aspects du Web 3.0 dépendent du succès des OAD.
4. Scénario imprévisible : OAD indépendantes
Un scénario imprévisible pourrait transformer complètement la façon dont les OAD fonctionnent et interagissent avec le monde. Par exemple, une percée dans le domaine de l’intelligence artificielle pourrait faire proliférer des OAD indépendantes, capables de prendre des décisions et de fonctionner de façon complètement indépendante, sans intervention humaine. Selon ce scénario, les OAD pourraient devenir la forme d’organisation la plus importante, interagissant les unes avec les autres et créant des réseaux complexes capables de prendre des décisions et d’exécuter des tâches sans participation humaine. Une nouvelle ère de gouvernance d’entreprise pourrait voir le jour, dans laquelle la plupart des décisions seraient prises de façon autonome à partir de données et d’algorithmes, plutôt que par des individus. Cette possibilité pourrait aussi avoir des répercussions profondes sur l’économie mondiale, car les OAD deviendraient des acteurs clés dans la création et l’échange de biens et de services. Ce scénario pourrait également présenter des risques et des défis importants. Par exemple, des questions sur la responsabilité et la traçabilité pourraient être soulevées, car il devient plus difficile de déterminer qui est responsable des actions de ces organisations ou comment une décision donnée a été prise.
Dernières remarques
Les OAD ont le potentiel de changer le statu quo. Notre façon d’utiliser la technologie et nos interactions avec elle en tant que société influencera positivement ou négativement le changement. L’avenir est entre nos mains.