Au moment où les Canadiens émergent de la pandémie de COVID-19, il est primordial que le secteur privé et le gouvernement collaborent davantage pour bâtir l’économie numérique canadienne, a déclaré Mark O’Connell, président et chef de la direction d’Interac Corp., dans un événement virtuel de l’Empire Club of Canada tenu le 20 avril 2022.
« Le Canada sort de la pandémie en meilleure posture que nous l’avions escompté, et dispose d’un potentiel énorme en vue d’exploiter la croissance de l’économie numérique, a poursuivi M. O’Connell. Le plus difficile dans tout ça, c’est de trouver la meilleure façon de le faire. Comment pouvons-nous à la fois cerner et créer des occasions pour nos organisations, nos employés et tous les Canadiens? »
Selon M. O’Connell, la clé pour trouver de nouvelles façons de créer une valeur économique et sociale durable se trouve dans un paradoxe apparent :
Alors que, collectivement, nous devons oser maintenir et reproduire certaines caractéristiques de nos réussites antérieures en tant qu’économie numérique hybride de pointe, nous devons aussi adopter dès maintenant une économie canadienne axée sur la technologie numérique et les données. C’est la meilleure façon de susciter l’innovation et la concurrence dont les Canadiens et les entreprises canadiennes pourront profiter pendant des années.
Mark O’Connell, président et chef de la direction d’Interac Corp.
Pour y arriver, le chef d’Interac affirme que le Canada doit d’abord créer les conditions propices au développement de notre économie numérique, en fonction d’un écosystème cohérent, fiable et réglementé, afin de multiplier la concurrence et les choix possibles au profit des Canadiens et de leurs entreprises.
« Pour bâtir un écosystème qui fonctionne, il faut commencer par corriger la perception que le Canada est déjà loin derrière ou ne dispose pas des outils nécessaires pour concrétiser de nouvelles idées. C’est tout simplement faux, a déclaré M. O’Connell. Si nous étudions notre histoire dans plusieurs secteurs axés sur la technologie, nous constatons que non seulement le Canada réussit, mais qu’il est un chef de file lorsqu’il s’agit de collaborer à l’échelle des plateformes et de favoriser, par la suite, la création de solutions concurrentielles qui utilisent ces plateformes. »
M. O’Connell a ajouté que le Canada fait ses preuves depuis plusieurs décennies en utilisant un écosystème numérique très accessible, convivial et sécurisé dans le traitement des opérations financières, rappelant notre adoption précoce des guichets automatiques, des cartes de débit et, plus récemment, des transactions pair à pair et des paiements sans contact.
« Aujourd’hui, si vous visitez un supermarché type aux États-Unis, vous pouvez voir des gens payer leur épicerie par chèque personnel. À quand remonte la dernière fois que vous avez vu ça ici? Le Canada a une longueur d’avance, et ce, depuis longtemps. »
Selon M. O’Connell, le Canada a montré au reste du monde la voie à suivre pour adopter cette technologie de paiement électronique en collaborant avec les banques, coopératives de crédit, acquéreurs, commerçants et sociétés de traitement de guichet générique.
« C’est grâce à une relation saine avec des organismes de réglementation comme le ministère des Finances et la Banque du Canada, qui ont travaillé avec diligence pour maintenir à jour les règles et règlements habilitants, que nous avons pu assurer le respect des principes de sécurité, de viabilité et d’accessibilité. Il s’agit de faire un « investissement unique » dans une plateforme commune (pour favoriser les économies d’échelle), puis de soutenir la concurrence sur cette plateforme dans tous les secteurs où œuvrent ses investisseurs. »
Dans l’optique de moderniser davantage l’expérience de paiement, M. O’Connell a mentionné le lancement récent du service Virement Interac pour les entreprises, les initiatives relatives aux paiements en temps réel (PTR), ainsi que les progrès relatifs au système bancaire ouvert du Canada.
« Un système bancaire ouvert permet aux organisations de transformer les données financières des clients, sous réserve de leur consentement explicite, en offres plus novatrices qui leur procurent une valeur ajoutée et une plus grande souplesse. À Interac, nous sommes très enthousiastes à ce sujet, surtout parce que nous avons confiance dans le nouveau système bancaire ouvert du Canada, qui est hautement compétent. Non seulement nous pouvons rattraper notre retard, mais nous pouvons aussi devenir un exemple à suivre dans ce domaine. »
Alors que le nouveau cadre de surveillance des paiements de détail et la Loi sur les activités associées aux paiements de détail élargiront prochainement les règles en matière d’accès, le Canada met aussi à jour les cadres réglementaires et les règles d’accès pour s’assurer que ses capacités et besoins de marché suivent le rythme.
« À Interac, nous saluons cette initiative et le rôle clé que joue le gouvernement pour rendre nos plateformes de réseau plus largement accessibles aux sociétés de technologie financière et aux fournisseurs de services de paiement. »
Comme les Canadiens ont déjà recours aux paiements numériques, M. O’Connell a déclaré que l’identification numérique influera beaucoup sur la façon dont les gens effectuent leurs opérations numériques et accèdent de façon harmonieuse aux autres services.
Le Canada était tourné vers l’avenir lorsqu’il a établi les conditions qui permettaient aux participants du marché d’innover et de prospérer, et c’est ce qui lui a permis de prendre une longueur d’avance dans le secteur de l’économie numérique. Maintenant qu’il faut faire la même chose, l’identification numérique représente une occasion formidable pour le Canada de prendre les devants. En effet, ce domaine particulier nous permet de créer une véritable valeur économique et sociale, si seulement nous pouvons nous mettre à la tâche et bien faire les choses.
Mark O’Connell, président et chef de la direction d’Interac Corp.
« Un système d’identification numérique digne de confiance sera le fondement d’une participation sécuritaire, pratique et inclusive à l’économie numérique. C’est ce qui orientera non seulement la façon dont les Canadiens effectueront leurs paiements à l’avenir, mais aussi dont ils accèderont aux services gouvernementaux et feront des affaires en ligne et en personne. »
Compte tenu des progrès réalisés ces dernières années, notamment l’acquisition d’une licence canadienne exclusive pour les capacités d’identification numérique de SecureKey (comme le réseau d’authentification Vérifiez.Moi) et les services de 2Keys, une entreprise canadienne possédant une vaste expertise dans le domaine de la vérification sécurisée de l’identité, M. O’Connell croit qu’Interac a maintenant les capacités nécessaires pour mettre en place un réseau fiable d’identification numérique à l’échelle nationale, pouvant être intégré tant aux services d’Interac qu’à ceux d’autres entreprises et organismes gouvernementaux.
« Nous faisons cela parce que nous savons qu’une solution cohérente élaborée au Canada, par des organisations qui comprennent intrinsèquement nos besoins uniques, sera en fin de compte la meilleure. L’envers de la médaille, c’est que de grandes sociétés technologiques mondiales sont responsables de l’authentification des Canadiens et de l’échange de leurs données de base. Cela soulèvera certes de nombreuses préoccupations au sein du gouvernement et de la population. »
Des organisations comme le Conseil canadien de l’identification et de l’authentification numériques (CCIAN) et le Conseil Stratégique des DPI, entre autres, travaillent déjà ensemble pour créer un système inclusif et accessible qui protège les données, et réalisent des progrès importants à cet égard.
« Nous devons continuer de nous appuyer sur ces efforts, en étant conscients des facteurs qui ont assuré notre réussite dans des domaines comme les paiements et que nous pouvons maintenant appliquer à l’identification numérique. »
M. O’Connell a terminé son discours en réitérant qu’il est urgent que les secteurs privé et public conjuguent leurs efforts pour offrir à tous les Canadiens des services de paiement et d’identification numériques fiables, sécuritaires et harmonieux.
« Si nous voulons saisir cette occasion en or de conférer au Canada un avantage concurrentiel, les provinces et les ministères fédéraux doivent faire preuve de prévoyance en reconnaissant la valeur globale de l’ubiquité et des normes communes dans notre réseau de confiance par rapport à une fragmentation régionale ou ministérielle. Cet état d’esprit s’inscrit déjà dans la nature même de notre pays, et nous savons qu’il peut nous mener vers la réussite. Faisons de nouveau figure de chef de file mondial. »