Par Neil Butters, directeur, produits et plateformes, Interac
L’introduction de l’identité numérique offrirait aux Canadiens des moyens sûrs et sécuritaires de gérer et de protéger leur identité en ligne, y compris sur leurs appareils mobiles. Ils prendront alors le contrôle de leurs renseignements personnels, leur permettant de choisir quelles données sont partagées et avec qui.
Il faudra encore un certain temps avant que cette innovation soit disponible. Avant d’en arriver là, nous devons relever certains défis. Après avoir consacré les dernières années à explorer comment Interac peut faire progresser l’identité numérique, je suis certain que nous pouvons les surmonter.
Pour aider à promouvoir ce dialogue, j’ai identifié trois des principales occasions offertes par l’identité numérique, les obstacles que nous devons franchir afin de saisir ces occasions — et quelques réflexions sur comment nous pouvons faire face aux défis.
Occasion 1 : L’adoption de l’identité numérique par une masse critique pourrait faire en sorte qu’il soit plus difficile pour les criminels de commettre un vol d’identité, qui permet à son tour d’autres types de fraudes.
Défi 1 : Les Canadiens comprennent la commodité que des identités numériques procureraient, mais ils craignent que ce ne soit pas aussi sûr que des documents physiques traditionnels.
D’après Confiance et identité dans un monde numérique, un sondage qu’Interac a mené cette année, lorsque nous avons présenté aux Canadiens des scénarios dans lesquels des versions digitales de permis de conduire, de passeports et de cartes d’assurance-maladie pourraient être utilisées, la grande majorité (86 pour cent) trouvait que la version numérique était plus pratique que la version physique dans un cas au moins. Cependant, près des deux tiers (65 pour cent) craignent qu’une identité numérique coure un plus grand risque de vol qu’une identité physique.
Manifestement, nous avons du travail à faire pour répondre à ces hypothèses. Les identités numériques peuvent offrir une plus grande sécurité que des documents physiques, mais il y a un manque de connaissances que nous devons surmonter.
Pour certains, le niveau de sûreté plus élevé de l’identité numérique peut être une idée contre-intuitive, mais prenons un instant pour penser aux risques inhérents de documents d’identité physiques.
Jetez un coup d’œil à votre permis de conduire, par exemple. Il est rempli de toutes sortes de renseignements personnels sensibles — votre adresse, votre image et ainsi de suite. Imaginez maintenant que vous vous enregistrez à un hôtel. Il y a des caméras de surveillance derrière le bureau de réception, qui peuvent être reliées à Internet. Il est possible que des fraudeurs détournent ces appareils. Il se peut alors que vos renseignements puissent être enregistrés pendant que vous montrez votre permis de conduire au préposé derrière la réception au cours de votre enregistrement.
Et ce n’est là qu’un exemple de ce dont nous parlons en ce qui concerne les risques des identifiants physiques.
À l’avenir, l’identité numérique pourrait vous permettre de partager ces renseignements par des voies sécuritaires et cryptées, protégeant vos renseignements personnels. L’identité numérique serait cryptée au moyen d’un processus appelé la segmentation en unités, qui protège les renseignements personnels lors de transactions.
La segmentation en unités fait déjà partie intégrante des plateformes Interac actuelles et nous croyons qu’elle jouera un rôle essentiel dans la protection des identités numériques.
Occasion 2 : Passer à une identité numérique pourrait augmenter la commodité, tout en mettant fin aux risques liés aux pratiques que nous utilisons avec nos documents d’identité physiques.
Défi 2 : Bien que nos vies soient devenues de plus en plus numérisées, bon nombre de nos pièces d’identité utilisées le plus fréquemment — tels les permis de conduire et les cartes d’assurance-maladie — demeurent de nature physique. Dans le but de sauvegarder et de partager leur identifiant sous forme numérique, des Canadiens improvisent en prenant des photos de leurs documents physiques. Par exemple, nos recherches ont montré que 45 pour cent des Canadiens ont pris une photo ou une capture d’écran d’un document d’identification, malgré le fait que 59 pour cent reconnaissent que c’est risqué!
Et au sein d’un monde de pièces d’identité physiques, il est parfois impossible d’éviter de prendre des risques. Les propriétés de vacances, par exemple, peuvent exiger que les locataires valident leur identité en partageant ou en montrant un permis de conduire ou un passeport.
L’éducation peut aider les Canadiens à connaître les risques liés à la prise et au partage de photos de documents d’identité, mais je crois que la solution la plus importante et la meilleure consiste à envisager l’identité numérique comme faisant partie de nos vies quotidiennes. Cela rendrait inutile le partage de nos pièces d’identité par des circuits non sécuritaires en premier lieu.
Occasion 3 : L’adoption de l’identité numérique peut potentiellement améliorer l’utilité et l’efficacité des services gouvernementaux et du secteur privé, tout en réduisant le coût de livraison.
Le Digital Identity and Authentication Council of Canada (DIACC) estime que près de 500 millions de dollars sont perdus en productivité chaque année grâce au recours à la validation manuelle de l’identité — habituellement associée au fait que les gens doivent se rendre en personne à un bureau afin de présenter et de valider leurs documents d’identification.
L’identité numérique est un élément majeur manquant qui peut nous aider à augmenter le rendement et à offrir une plus grande convenance pour les gouvernements, les entreprises et les consommateurs.
Défi 3 : La mise en œuvre de l’identité numérique exigera une coordination entre un grand nombre et une vaste gamme de parties prenantes, dont les gouvernements et les autorités de réglementation, les associations, les banques et les institutions financières.
Rappelons-nous que nous utilisons nos identifiants dans de nombreux contextes différents. Lorsque vous ouvrez un compte bancaire, par exemple, vous présentez votre permis de conduire, votre passeport ou une autre forme d’identification. Vous devez même montrer une pièce d’identité pour ouvrir un compte de téléphone cellulaire.
Un régime efficace d’identité numérique exige aussi qu’un niveau de confiance approprié soit établi entre les entités et les organismes impliqués dans la livraison de la technologie et les Canadiens qui l’utiliseront.
Nos recherches démontrent que de huit à dix Canadiens (83 pour cent) considèrent leur identité comme étant un de leurs atouts les plus précieux, dont 52 pour cent indiquent qu’il est plus important de protéger leur identité en ligne que leur argent.
Dans cette optique, nous avons demandé aux Canadiens quels étaient les facteurs déterminants lorsqu’il s’agit de décider s’ils peuvent faire assez confiance à leurs identités numériques pour s’en servir. Les trois principaux résultats comprenaient : la transparence quant à l’utilisation de renseignements personnels, l’appui des banques et le soutien du gouvernement.
Puisque la mise en œuvre de l’identité numérique et le développement de la confiance est un défi commun, les partenariats entre les organismes des secteurs public et privé seront indispensables à sa réussite.
Interac collabore avec une large gamme d’entités en vue d’introduire une nouvelle technologie dans la vie des Canadiens, tout en établissant une atmosphère de confiance autour de ces innovations. Alors que la plupart des gens considèrent Interac comme une entreprise de paiements, la technologie fondamentale derrière notre réseau de paiements sécurisés — actuellement utilisé par les Canadiens 16 millions de fois par jour en moyenne — nous met dans une bonne position pour déployer l’identité numérique sur toute une gamme de périphériques et de plateformes.
Le chemin à suivre est prometteur et, chez Interac, nous sommes heureux de continuer de travailler avec nos partenaires dans l’écosystème de l’identité pour permettre l’innovation au sein de l’identité digitale, toujours basée sur la confiance.