Rappelez-vous l’année 2007 : Si vous êtes comme la plupart des gens, vous payez probablement la plupart de vos achats quotidiens en espèces, vous n’avez pas de téléphone intelligent et vous n’avez peut-être que rarement (ou jamais) acheté quoi que ce soit en ligne.
Le monde et l’économie canadienne étaient très différents lorsque Mark O’Connell est devenu président et chef de la direction d’Interac Corp. (Interac). Aujourd’hui, alors qu’il s’apprête à prendre sa retraite et que Jeremy Wilmot l’a rejoint en tant que nouveau président et chef de la direction, Interac aide de plus en plus de consommateurs et d’entreprises canadiens à s’y retrouver dans leurs opérations quotidiennes de plus en plus numériques.
L’Inter’Actu Interac s’est entretenu avec Mark sur les faits saillants de son mandat de président et chef de la direction et sur ce qu’il pressent pour l’avenir des paiements, de la vérification numérique et de l’innovation technologique au sein de l’économie canadienne. Voici ce qu’il nous a dit.
L’Inter’Actu Interac : Quels sont les changements les plus importants que vous avez constatés au cours de votre mandat chez Interac?
Mark O’Connell : Alors que je réfléchissais et que je me préparais à passer le flambeau, j’ai été stupéfait de constater l’évolution des paiements et de l’économie en général. Lorsque je suis arrivé, l’utilisation des téléphones intelligents n’était pas très répandue, et aujourd’hui, nous utilisons nos téléphones pour régler nos achats sans même y penser.
De mon point de vue, j’ai été témoin du déclin significatif de l’utilisation de l’argent liquide et de l’augmentation parallèle de l’utilisation d’autres méthodes de paiement, notamment le débit. Beaucoup seront peut-être surpris d’apprendre que la plate-forme Interac a permis aux Canadiens de devenir les plus grands utilisateurs de cartes de débit au monde, et je suis fier de dire que nous sommes dans le trio de tête depuis dix ans.
Cette évolution s’explique par le fait qu’un nombre croissant de Canadiens préfèrent utiliser les fonctionnalités sans contact, que nous avons mises en place en 2010 par le biais de la carte et en 2017 par l’intégration avec les portefeuilles électroniques. Aujourd’hui, plus de la moitié de l’utilisation des cartes de débit se fait par l’intermédiaire d’un téléphone ou d’une carte.
Et puis il y a le service Virement Interac. Lorsque j’ai fait mon entrée dans l’entreprise il y a 17 ans, les Canadiens s’y aventuraient à raison de six millions de transactions par an. Aujourd’hui, nous en sommes à plus d’un milliard.
Tous ces développements ont eu un impact considérable sur l’économie et la société canadiennes, bouleversant les chaînes de valeur traditionnelles et créant de nouvelles attentes et de nouveaux comportements chez les consommateurs.
Quels sont les défis dont vous avez été témoin et comment Interac les a-t-il relevés?
J’aime à penser que, pendant les périodes de changement et d’incertitude, Interac a été aux côtés des consommateurs et des entreprises du Canada, les reliant en toute sécurité à leur argent et à leurs données.
Vous pouvez constater l’importance du rôle joué par Interac dans la croissance de nos services et leur résilience en période de difficultés économiques. Prenons l’exemple de la pandémie. Alors qu’une grande partie de l’économie était à l’arrêt, nous avons assisté à une croissance historique de l’utilisation du service Virement Interac, les Canadiens envoyant de l’argent pour des épiceries partagées ou transférant des fonds à leur famille et à leurs amis. Les gouvernements du Canada ont également adopté le service Virement Interac pour distribuer rapidement et en toute sécurité des subventions ou de l’aide d’urgence.
Un autre aspect est la sécurité, et la garantie que les Canadiens sont protégés lorsqu’ils effectuent des transactions. Un an après mon arrivée, nous avons lancé le programme Débit Interac Puce et NIP, qui a permis aux 35 millions de cartes de débit du Canada de passer de la technologie de la bande magnétique à celle de la puce en une étape transparente. Ce changement a permis d’éradiquer la fraude au point de vente et c’est l’une des principales raisons pour lesquelles le réseau Interac affiche des taux de fraude parmi les plus bas au monde.
De quoi êtes-vous particulièrement fier, en ce qui concerne les réalisations d’Interac?
Nous devons tous être fiers de la réputation du Canada en tant que chef de file de l’innovation en matière de paiement à l’échelle mondiale. En tant qu’entreprise de technologie canadienne, Interac a joué un rôle clé dans ce sens. Les chèques personnels sont aujourd’hui largement dépassés dans le secteur de la vente au détail. À titre de comparaison, aux États-Unis, on voit encore des gens payer leur épicerie par chèque personnel. Nous avons également contribué à lancer le transfert d’argent par courriel au Canada et, comme je l’ai mentionné précédemment, nous avons constaté une adoption exponentielle de ce mode de paiement grâce au service Virement Interac.
Tout cela est rendu possible grâce à l’ampleur du réseau Interac et de notre plate-forme. En collaborant avec l’ensemble de l’écosystème des services financiers, nous avons créé un réseau qui est à la fois largement disponible, accessible et abordable pour les entreprises et les consommateurs canadiens, tout en créant les conditions nécessaires à la poursuite de l’innovation et de la croissance. En donnant aux Canadiens la possibilité d’utiliser leur propre argent, nous avons renforcé le rôle d’un réseau national de débit solide, construit pour les Canadiens par les Canadiens.
Au-delà de cela, j’ai toujours pensé qu’il ne suffisait pas de fournir de la technologie. Après tout, l’économie est faite de personnes et de communautés. C’est pourquoi nous avons également investi dans des initiatives qui permettent à un plus grand nombre de Canadiens de participer activement et en toute confiance à l’économie numérique — comme notre partenariat avec Conscious Economics, par exemple, qui vise à renforcer les connaissances financières et l’autonomie économique des consommateurs et des entrepreneurs, et notre soutien aux petites entreprises canadiennes par l’intermédiaire de la Fédération canadienne de l’entreprise indépendante.
Quelles observations pouvez-vous faire sur les tendances futures de l’innovation et de l’économie?
Je suis optimiste quant au potentiel du Canada, en particulier en ce qui concerne les possibilités que nous avons de tirer parti des plates-formes et des réseaux communs que nous avons mis en place pour les adopter et les étendre de manière novatrice.
Prenons l’exemple des entreprises canadiennes, en particulier les petites et moyennes entreprises (PME). Avec le lancement de notre service Virement Interac pour entreprises, nous visons à remplacer les chèques d’entreprise, tout comme le service Virement Interac a considérablement réduit l’utilisation des chèques personnels. Nous continuons à développer les capacités de Débit Interac ; une solution pour le monde numérique plus rapide auquel les PME sont confrontées est le NIP logiciel sur produits commerciaux pour les transactions aux points de vente mobiles, qui permet à une entreprise aussi petite qu’un kiosque d’une personne sur un marché de producteurs d’accepter des paiements sur un appareil mobile.
La vérification numérique, dans laquelle Interac a beaucoup investi ces dernières années, est un autre domaine où les opportunités sont considérables. Nous voulons faire ce que nous avons fait pour le secteur des paiements, à savoir une plate-forme peu coûteuse d’échange d’informations de paiement, pour la vérification et l’authentification en ligne.
Par exemple, si vous êtes une entreprise et que vous souhaitez vérifier l’authenticité d’un client pour lui permettre d’effectuer une transaction de grande valeur, vous devez être sûr d’avoir affaire avec une personne authentique. C’est exactement ce que notre suite de produits Interac Vérification, lancée récemment, est censée faire. Nous prenons déjà en charge des millions de transactions d’authentification et de vérification chaque année et nous nous attendons à ce que cette activité se développe et évolue vers de nouvelles applications inexploitées dans les entreprises et les collectivités dans les années à venir.
Et dans ce contexte, votre successeur sera là pour guider Interac vers l’avenir. Que pouvez-vous nous dire sur Jeremy Wilmot?
Le conseil d’administration d’Interac a fait un excellent choix pour le prochain président et chef de la direction, qui poursuivra notre important travail. Jeremy est un dirigeant chevronné qui a travaillé à l’avant-garde de l’innovation en matière de paiements mondiaux et de l’innovation technologique en général.
Son expérience des systèmes de paiement en temps réel sera particulièrement précieuse. La croissance du service Virement Interac est une preuve évidente de la nécessité d’innover davantage dans le domaine des paiements en temps réel au Canada. Pour les consommateurs comme pour les entreprises, le paiement en temps réel est désormais une exigence, ce qui souligne l’importance des travaux déjà en cours pour moderniser notre infrastructure nationale de paiement. Le leadership de Jeremy, ainsi que l’infrastructure et le réseau qu’Interac a mis en place, sont essentiels au moment où nous nous préparons à la mise en place du système de paiement en temps réel, sous la direction de Paiements Canada.
Jeremy hérite également de l’équipe la plus innovante dans le domaine des paiements et de la vérification au Canada. Le cœur d’Interac, c’est ce groupe de personnes immensément talentueuses, qui s’est multiplié par sept depuis mes débuts. Nous sommes déterminés à recruter parmi les meilleurs talents du pays dans le domaine de la technologie financière afin de continuer à développer ce que nous offrons aux écosystèmes canadiens de paiement et de vérification. Et nous y sommes parvenus en grande partie en étant un employeur solidaire — l’un des meilleurs employeurs du Grand Toronto, en fait, ce dont je suis personnellement très fier.
C’est une équipe qui va s’assurer qu’Interac continue à travailler pour que les Canadiens prennent en charge leur argent et leurs données, en construisant et en innovant sur des solutions de paiement et de vérification essentielles avec la sécurité au premier plan et en soutenant la croissance économique en permettant aux consommateurs et aux entreprises d’effectuer des transactions de manière transparente peu importe où ils se trouvent, au moment où ils en ont besoin.
Comment Interac a-t-elle évolué au cours des dernières décennies?